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Approche Biomécanique

L’approche biomécanique appréhende le corps humain en explorant ses propriétés mécaniques à l’aide des principes d’ingénierie issus de la physique mécanique. On parle de forces, de contraintes, de leviers qui s’exercent sur des structures tissulaires comme les muscles, les ligaments, les os, les articulations et les étirent, les compriment ou les relâchent.

Cette approche permet d’expliquer la plupart des phénomènes pathologiques au niveau local mais trouve rapidement ses limites dès qu’on appréhende le corps comme un système plus global. Elle tend à simplifier la mécanique du corps à une seule dimension et néglige les aspects multifactoriels et les phénomènes quantiques qui rendent l’analyse de sa performance si complexe. Ainsi l’influence des phénomènes réflexes neurosensoriels, des interactions émotionnelles, des conséquences de l’alimentation sur le métabolisme cellulaire, des effets du stress sur le système nerveux autonome, sont autant d’aspects qui sont évincés de l’analyse pour des raisons de simplification de raisonnement, et nous éloignent de la vérité.

L’approche biomécanique adaptée à la podologie est une technique dont le principe de base est simple : si le pied ne se tient pas dans l’axe tel que défini et décrit idéalement dans les livres d’anatomie, on le cale, on le soutient, on le corrige, on le redresse afin de lui imposer une direction et une position plus physiologique. Dans cette vision on part du principe que les déviations d’un segment articulaire sont à l’origine d’excès de mobilités et de contraintes qui vont être responsables de douleurs articulaires ou musculaires.

La semelle confectionnée est alors dite « biomécanique » ou « orthopédique » car elle ambitionne de remettre le pied droit. La quantité de correction est définie par le podologue de façon à restreindre les mobilités articulaires et ajustée en fonction du ressenti du patient et de l’évolution des symptômes.

Cette technique peut être intéressante pour soulager rapidement les douleurs de pieds ou de membres inférieurs voire même de dos si leur cause vient du bas du corps. Elle améliore immédiatement la démarche quand le pied s’affaisse car il est bien maintenu par une semelle de soutien. Cependant la semelle assiste le pied et ne l’encourage pas à travailler par lui-même. En négligeant les lois neurosensorielles et les réflexes posturaux, ce type de semelle peut conduire à terme à diminuer la vigilance et la performance musculaire et de ce fait pérenniser la déviation du pied et les compensations qui en découlent par inhibition musculaire. En effet, puisque la semelle fait le travail à la place du pied, lorsqu’on tente d’enlever celle-ci il y a peu de chances que le pied se tienne par lui-même. Cela rend le pied « accroc » à la semelle et le patient dépendant de celle-ci.

C’est pourquoi on réservera cette technique au patient orthopédique chez qui la récupération fonctionnelle du pied est inenvisageable et le besoin de compensation une nécessité. On parle alors de dysfonction « organique ». Il s’agit d’une dysfonction majeure, d’une lésion irréversible, d’une malformation, d’une séquelle traumatique ou chirurgicale pour laquelle il est impossible d’espérer récupérer.

QUELQUES EXEMPLES DE LÉSIONS ORGANIQUES IRRÉVERSIBLES :

  • Accident de la route avec multiples fractures sur un membre inférieur ayant entrainé une perte de mobilité d’une ou plusieurs articulation(s) ou différence réelle et significative de la longueur des jambes
  • Arthrodèse chirurgicale qui consiste à bloquer définitivement une articulation douloureuse
  • Cicatrice chirurgicale avec rétractions et adhérences cutanées
  • Pied orthopédique de naissance (pied bot etc.)

Cette liste est loin d’être exhaustive et dans toutes ces situations, la lésion ou la dysfonction organique amène le patient à faire avec, c’est-à-dire à compenser du mieux qu’il peut. Ces compensations ont d’abord un coût énergétique qui peut amener rapidement à la fatigue, à la douleur, ou à la réduction du périmètre et de la qualité de la marche. Mais les compensations amènent aussi le sujet à compenser avec d’autres structures ce qu’il ne peut plus faire avec la zone lésée. Par exemple quelqu’un dont la cheville est bloquée compensera par une boiterie qui aura des répercussions directes sur sa hanche, la jambe opposée et son dos qui peuvent eux-mêmes devenir douloureux.

Dans ces conditions le podologue intervient au mieux afin de proposer un traitement qui visera à aider le patient à compenser au mieux, avec le moins d’efforts possible. Aucun espoir de traiter la cause dans ce cas, ni de reprogrammer la posture mais beaucoup d’espoir d’en réduire les conséquences. La limite de cette approche est qu’elle ne permet pas de stimuler les capacités adaptatives du système postural en réveillant les capteurs et en sollicitant les voies sensori-motrices. L’impact général sur la posture est donc moindre que dans l’approche posturologique.