PODOPÉDIATRIE Vision Orthopédique
& Proprioceptive

La prise en charge de l’enfant en podologie présente deux courants de pensée majeurs qui ont deux visions différentes. La vision orthopédique s’oppose à la vision proprioceptive.

SES AMBITIONS

Par opposition à l’approche orthopédique, la vision proprioceptive veut réveiller et remettre au travail les muscles faibles ou hypotoniques. L’idée est ici de se dire que si le pied s’affaisse c’est sans doute que les muscles qui le soutiennent ne sont pas assez toniques ; que si le pied rentre en dedans c’est peut-être que les muscles qui l’emmènent en dehors ne sont pas assez toniques : on cherchera surtout pourquoi.

Il arrive parfois que certains réflexes ne soient pas ou soient mal programmés par manque de stimulations lors du développement des programmes moteurs dans la petite enfance. Notre rôle de thérapeute est de faire en sorte que ces réflexes se mettent en place au plus vite et pour la vie. Il s’agit là de donner une chance à l’enfant de se débrouiller un jour seul sans semelles. Le but étant qu’il ait à sa disposition un pied stable, fonctionnel et indolore pour toute sa vie.

L’idée de cette vision est d’inviter le système nerveux central à « connecter » les réflexes qui n’ont pas été mis en place lors du développement sensori-moteur du petit enfant. Une fois la connexion établie, les muscles du pied s’activent et prennent eux-mêmes le pied en charge, sans assistance.

Contrairement aux idées reçues des corrections minimes (de l’ordre du mm) sont bien plus efficaces que des corrections importantes. Le corps est incroyablement réactif à de très faibles stimulations. Le réflexe d’agrippement en est une illustration parfaite, c’est celui qui déclenche la fermeture de la main de bébé lorsque l’on place un doigt au creux de sa paume. Le réflexe d’extension plantaire, de manière similaire, quand il est bien en place, déclenche la contraction des muscles plantaires lorsque certains capteurs de la peau plantaire sont effleurés ou que le pied est en contact avec le sol. C’est souvent ce réflexe qui est en défaut dans les problèmes de pieds. Mais il en existe d’autres.

La vision proprioceptive est une approche globale et n’appréhende pas le pied de manière isolée. La dysfonction du pied peut évidemment venir du pied lui-même mais peut aussi être une conséquence d’anomalies réflexes du haut du corps. C’est pourquoi l’ensemble des capteurs posturaux sont investigués dans l’examen proprioceptif de l’enfant :

Ce sont les 3 grands capteurs du système postural qui sont le plus souvent impliqués dans des dysfonctions réflexes posturales. Mais des perturbations réflexes peuvent aussi provenir des parasites posturaux :

La vision proprioceptive consiste à reconditionner certains réflexes posturaux par la répétition de stimulations. Pour cela la mise en place de semelles de stimulation peut être recommandée, le plus souvent en association à de petits exercices de reprogrammation très courts.

La semelle proprioceptive

  • Stimule à chaque pas les petits capteurs de la peau plantaire
  • Participe au développement du cortex sensoriel
  • Stimule les voies réflexes sur l’ensemble des chaines neuromusculaires
  • A une action générale et globale des pieds à la tête

A aucun moment le pied n’est assisté, il est stimulé, réveillé, invité à travailler, en douceur, petit à petit, jour après jour.

Associée à des exercices de stimulation sensorielle ou motrice adaptés, de l’ordre de 2 min par jours, on peut espérer une reprogrammation à court ou moyen terme et permettre à l’enfant d’évoluer sans semelles dès que possible.

SES PRINCIPES

Si le pied ne se tient pas dans l’axe tel que défini et décrit idéalement dans les livres d’anatomie, on le cale, on le soutient, on le corrige, on le redresse afin de lui imposer une direction et une position plus physiologique est alors dite « orthopédique » car elle ambitionne de remettre le pied droit. La quantité de correction est définie par le podologue de manière empirique et ajustée en fonction du ressenti du patient et de l’évolution des symptômes.

Cette technique peut être intéressante pour soulager rapidement les douleurs de pieds et des membres inférieurs et peut avoir une efficacité significative sur les corrections de genu-valgum (jambes en X) ou de genu-varum (jambes en parenthèses, arquées). Elle améliore immédiatement la démarche quand le pied s’affaisse car il est bien maintenu par une semelle de soutien.

Cependant la semelle assiste le pied et ne l'encourage pas à travailler par lui-même. Ce type de semelle peut conduire à terme à diminuer la vigilance et la performance musculaire et de ce fait pérenniser la déviation du pied et les compensations qui en découlent par inhibition musculaire. En effet, puisque la semelle fait le travail à la place du pied, le jour où l’on tente d’enlever celle-ci il y a peu de chances que le pied se tienne par lui-même. Cela rend le pied « accroc » à la semelle et le patient dépendant de celle-ci.

Cette vision n’appréhende que peu le corps dans sa globalité. La semelle peut avoir une belle efficacité au niveau du pied mais il est parfois délicat de préserver l’harmonie globale du corps et de la posture sans déclencher des compensations à distance. Elle est plus volumineuse car les corrections sont moyennes à importantes et prend aussi un peu plus de place dans la chaussure, tout en restant acceptable.