POSTUROLOGIE L’APPAREIL MANDUCATEUR

« Le grand perturbateur »

Il regroupe l’ensemble des éléments nécessaires à la fonction de mastication : les dents, la mâchoire, l’articulation temporo-mandibulaire (ATM) et la langue.

Il est en relation étroite avec le crâne et le rachis cervical car les muscles de la mastication et de la déglutition sont aussi des muscles du cou et de la face. Les muscles de la respiration y sont également associés. Tout déséquilibre de l’appareil manducateur aura des répercussions immédiates sur le couple C0-C1, c’est à dire l’os occipital qui se trouve à la base du crâne et l’atlas qui est le nom de la première vertèbre cervicale.

De nombreux capteurs participent à la proprioception de l’appareil manducateur. Les dents sont montées sur des petits capteurs dans la gencive appelés desmodontes. L’articulation temporo-mandibulaire est aussi truffée de capteurs articulaires qui renseignent sur son degré d’ouverture, de fermeture, de tension et de relâchement. Les muscles masticateurs et de la déglutition dont la langue, informent sur leur niveau de contraction, la plupart d’entre eux participant à la fois à la proprioception de l’appareil manducateur et du rachis cervical.

Chaque élément de l’appareil manducateur est étroitement lié aux autres et chacun d’entre eux peut avoir une influence sur un autre. Le moindre déséquilibre de l’appareil manducateur aura des répercussions cervicales et donc sur l’ensemble du système postural.

Son équilibre est d’autant plus important qu’il est innervé par le nerf trijumeau qui influe lui -même sur les centres nerveux des capteurs visuels et vestibulaires. Ainsi l’équilibre des muscles oculomoteurs peut être perturbé par un déséquilibre de la mâchoire.

Tout déséquilibre de l’appareil manducateur peut venir des différentes raisons suivantes :

Un déséquilibre occlusal

Il s’agit d’un mauvais engrènement entre les dents du bas et du haut. Cela peut arriver à la suite de multiples raisons comme les légers mouvements naturels des dents au cours du temps, des soins dentaires ayant touché au relief d’une ou plusieurs dents, une dent retirée mais qui n’aurait pas été remplacée, un appareillage qui n’est pas parfaitement ajusté.

Une dysfonction de l’ATM (articulation temporo-mandibulaire)

Le condyle mandibulaire ne se trouve pas bien en place dans la cavité maxillaire prévue à cet effet. Le ménisque jouant le rôle de guide et d’amortisseur entre les deux os peut lui-même être déplacé et en souffrance.

Cette dysfonction articulaire peut être la conséquence d’un choc direct sur la mâchoire, d’un choc cervical ou d’un problème structurel de la mâchoire.

Mais on peut aussi retrouver ce type de dysfonction secondairement à une adaptation à un problème d’occlusion. En effet certains déséquilibres occlusaux, notamment dans des contextes d’édentations génèrent de tels problèmes fonctionnels que la mastication ne peut se faire que d’un côté et crée un effet de balancier délétère pour l’ATM.

Une dysperception sensorielle du trijumeau

Il arrive parfois que la branche sensorielle ou motrice du nerf trijumeau soit à l’origine d’une adaptation mandibulaire. Il peut arriver que ce nerf, bien qu’en parfait état, ne véhicule pas les informations de façon optimale. Cela peut se traduire par des compensations de la mâchoire car le cerveau préfèrera toujours utiliser pour la mastication le côté le plus fonctionnel avec la meilleure perception sensorielle.

Un trouble bioélectrique

De manière beaucoup plus rare, certains déséquilibres de l’appareil manducateur peuvent provenir d’un matériau exogène présent en bouche comme un amalgame dentaire, une prothèse dentaire, un fil de contention.

Dans tous les cas le bilan postural s’assure que l’appareil manducateur ne perturbe pas le système postural. Bien sûr cela suppose que l’appareil manducateur soit parfaitement fonctionnel et efficace.

C’est le rôle du dentiste de s’en assurer et déterminer les moyens d’optimiser son fonctionnement et ses performances à l’aide de soins et réglages adaptés au besoin. Il est important de noter que l’enseignement classique en dentisterie ne sensibilise pas assez les dentistes sur l’extraordinaire finesse de la proprioception de l’appareil manducateur et les conséquences à distance d’un déséquilibre de l’occlusion dentaire. Il en va de même sur la fonction et la proprioception de l’ATM. Il n’est pas rare de rencontrer des dentistes totalement fermés à la pensée posturologique par manque de connaissances à ce sujet. Il est donc fondamental pour nos patients qui nécessitent des rééquilibrations occlusales de pouvoir ouvrir le dialogue avec un dentiste occlusodontiste rompu à ce type de pratique et conscient du soulagement global qu’il pourra leur apporter.