POSTUROLOGIE LES DYSFONCTIONS PROPRIOCEPTIVES

« Les perturbatrices silencieuses »

Une articulation contient de multiples structures « connectées » pour la protéger. Lorsqu’un un mouvement va de plus en plus loin en amplitude, l’articulation se rapproche de sa capacité d’amplitude maximale, la capsule, les ligaments, les muscles et les fasciae qui l’enveloppent et la protègent sont mis en tension. Si le mouvement continue jusqu’au seuil de rupture on parle alors d’entorse voire de luxation en fonction des tissus lésés et de la gravité de la lésion.

Bien avant d’en arriver à cette situation, lorsque les tissus péri-articulaires se retrouvent en état d’étirement, tous ensemble (capsules, ligaments, tendons, muscles, fasciae et même la peau) ils sonnent de concert l’alarme à l’aide de leurs capteurs spécifiques.

Ce message d’alarme monte aux centres nerveux, en l’occurrence au niveau de la moelle épinière.

En réponse, une contraction musculaire réflexe (appelée réflexe myotatique) permet aux muscles péri-articulaires de freiner ou de stopper le mouvement articulaire afin de protéger l’intégrité de la structure articulaire.

Le moindre retard dans ce réflexe peut aboutir à une lésion articulaire plus ou moins grave. Il faut donc que le message d’alerte arrive à temps aux centres nerveux. Mais il faut surtout que chacune des structures donne une information concordante et pour cela il faut que l’intégrité de l’articulation soit optimale, ce qui n’est parfois pas le cas. Dans ce cas le message proprioceptif articulaire peut perturber l’ensemble du système postural.

Une dysfonction articulaire peut exister de deux manières :

  • La dysfonction lésionnelle provient d’une articulation dont les tissus ont déjà été lésés. Le temps de sa cicatrisation elle envoie des messages d’alerte dits nociceptifs afin de provoquer le réflexe myotatique et la contraction des muscles péri-articulaires qui la protègent. Les conséquences posturales peuvent dans ce cas être plus ou moins marquées. C’est ce qui se passe dans le contexte d’une entorse fraîche qui déclenche une boiterie ou dans le cas d’une hernie discale qui oblige à se tenir en baïonnette. Le but étant de protéger au mieux la structure déjà abimée par des attitudes de compensation du reste du corps.
  • La dysfonction fonctionnelle provient d’une articulation « en dérangement ». Il n’y a pas de lésion mais l’articulation envoie un message comme si c’était le cas. En réalité il s’agit surtout d’une ambiguïté du message envoyé par les différents tissus. Par exemple dans le cas d’une entorse mal soignée, il se peut qu’un os n’ait pas réintégré sa position initiale complètement, tirant ainsi toujours sur le ligament qui a pourtant eu le temps de cicatriser. Il n’y a à proprement parler plus de lésion mais le ligament signale sa position d’étirement tandis que les autres structures ont repris leur position initiale et n’alertent en rien le système. Il y a donc ambiguïté sensorielle pour les centres nerveux car chacune des structures n’envoie pas un message concordant. Le réflexe myotatique s’enclenche et les muscles péri-articulaires se contractent et verrouillent l’articulation. Le déséquilibre postural est ainsi lancé.