POSTUROLOGIE LES FONCTIONS ASSURÉES

« Tout ce que nous permet notre système postural »

Les centres nerveux vont, à partir des informations captées, assurer trois fonctions très importantes qui auront un rôle essentiel pour le maintien de la posture et les tâches cognitives : langage, lecture, écriture, concentration, mémoire, raisonnement, coordination des mouvements (praxies), reconnaissance (gnosies).

AJUSTEMENT POSTURAL

A partir des informations sensorielles transmises par les capteurs, les centres nerveux supérieurs vont élaborer une stratégie posturale en créant une réponse posturale. C’est-à-dire qu’ils vont adapter la posture aux besoins de l’organisme par rapport aux informations prises par les capteurs.

Exemple concret : J’attends le bus en me tenant debout, mon but est de rester le plus droit possible car c’est la position la plus économique. L’ensemble de mes capteurs me renseigne sur mes appuis au sol, la scène visuelle qui se trouve face à moi et la position de ma tête.
Puis soudainement une personne qui passe dans mon dos me bouscule légèrement et me déséquilibre vers l’avant. Mes capteurs me renseignent instantanément sur le type de déséquilibre : l’avant des pieds ressent une augmentation d’appui, les yeux perçoivent que je me rapproche de la personne qui se trouve devant moi et les oreilles internes ressentent une accélération vers l’avant.
En réponse le système nerveux central élabore un programme de rattrapage avec une contraction des muscles postérieurs qui activent le redressement de la tête et du tronc, les muscles fléchisseurs plantaires agrippent les orteils au sol pour déclencher le mouvement de recul associé.
Une fois la stabilité posturale rétablie les muscles se relâchent et reprennent leur contraction tonique de base.

STABILISATION DU REGARD

La vision est permise par nos deux yeux. Chacun envoie une image en 2D au cerveau en fonction de son propre point de vue. Le cerveau reçoit donc bien deux images légèrement différentes de la scène visuelle observée. Il lui faut faire une « sommation » des deux images en une seule pour nous offrir la vue panoramique à 120° telle qu’on la perçoit. La vision binoculaire permet aussi au cerveau, du fait du décalage spatial de chaque globe oculaire, de construire la 3D qui nous permet d’appréhender les reliefs, les perspectives, la profondeur.

Cette fusion doit être rendue possible en toutes circonstances, que la scène visuelle soit fixe ou mouvante ou que l’observateur lui-même soit fixe ou en mouvement. Plusieurs réflexes permettent au cerveau de stabiliser le regard en toutes circonstances. Les réflexes optocinétique, vestibulo-oculaire et oculo-cervical sont gérés dans les noyaux du tronc cérébral et mettent en jeu l’ensemble des capteurs sensoriels du système postural, y compris la proprioception musculaire de la nuque.

Dans le cas où les deux images sont légèrement décalées, le cerveau s’adapte en faisant un calcul neurologique qui lui permet de supprimer une partie d’une des deux images pour permettre la fusion. Ce processus neurologique supplémentaire est souvent impliqué dans les troubles cognitifs. En effet alors qu’il est censé effectuer une tâche intellectuelle ou motrice, le cerveau doit en plus en arrière-plan recalculer sans cesse les informations qu’il reçoit pour reconstruire un champ visuel plus précis. Cela gâche énormément d’énergie et peut être à l’origine d’approximations cognitives ou motrices. C’est ce genre de dysperception que l’on retrouve quasi systématiquement chez les dyslexiques ou chez des personnes que l’on qualifie souvent de maladroites. Un travail en reprogrammation posturale peut être très bénéfique dans ces cas précis. En effet la stabilisation du regard peut être perturbée par n’importe quel capteur en dysperception, un problème inhérent à l’oeil lui-même, une jambe courte ou une perturbation des réflexes archaïques. Traiter en amont ce type de dysfonction peut rétablir complètement les mécanismes de stabilisation du regard et les conséquences posturales, motrices ou cognitives qui en découlent.

CONSTRUCTION SPATIALE DE LA VERTICALE

La notion de verticale est une construction de notre cerveau qui est le fruit de la superposition de plusieurs référentiels. Elle nous permet de nous repérer et de nous déplacer dans l’espace en évitant les obstacles et d’exercer nos capacités de préhension sur le monde sans approximation.

  • Le référentiel égocentré : ce sont les informations que l’on prend de notre propre corps. Ce sont les sensations issues de la proprioception générale et des capteurs plantaires qui nous permettent de sentir nos appuis au sol.
  • Le référentiel allocentré : ce sont les informations que l’on prend autour de nous. Ces informations sont fournies par l’appareil visuel.
  • Le référentiel géocentré : c’est la perception de l’attraction gravitationnelle qui s’exerce sur chacun de nous. Cette force qui nous colle à la Terre est une accélération dirigée vers le centre de la Terre perçue par l’appareil vestibulaire.