POSTUROLOGIE LES SYSTÈME NERVEUX CENTRAL

« Le grand ordinateur »

Toutes les informations sensorielles perçues par les capteurs sont transmises aux centres nerveux supérieurs qui vont jouer le rôle de grand ordinateur central. Le système nerveux central comprend deux grandes unités que constituent le cerveau au sens large (les hémisphères, le cervelet, le tronc cérébral, les ganglions de la base, le thalamus), et la moelle épinière.

Le système nerveux central a pour fonction d’analyser l’ensemble des milliers d’informations qui lui proviennent de l’ensemble du corps, à propos de ce qui se passe en nous et à l’extérieur de nous. En une fraction de seconde il ordonne à différentes structures de coordonner leurs actions dans le but de réagir de la manière la plus adaptée et la plus économique possible à la situation donnée.

Pour exemple, prenons une situation dans laquelle vous marchez tranquillement sur le trottoir et à quelques mètres de vous des travaux vous empêchent de poursuivre votre chemin. Vos yeux vous ont permis de voir l’obstacle et en un rien de temps votre stratégie posturale et locomotrice est passée de tout droit, à contourner cet obstacle en traversant la rue pour rejoindre le trottoir opposé.

Il s’agit là d’une perturbation prévue ou anticipée. Les informations ont eu le temps de rejoindre le cerveau pour y élaborer une réponse complexe, finement adaptée et économique.

Neurologiquement vous avez utilisé votre boucle longue. C’est à dire que le réseau neuronal utilisé est passé par de multiples zones de votre cerveau avant que la réponse soit élaborée. Toutes ces connexions prennent du temps, la réponse est relativement lente, bien qu’elle ne dure que quelques millisecondes.

Prenons maintenant l’exemple d’une perturbation subite que vous n’avez pu anticiper. Vous marchez sur ce même trottoir et vous trébuchez sur un pavé qui déséquilibre votre centre de gravité vers l’avant. C’est une situation d’urgence car il faut répondre au déséquilibre aussi vite que possible pour éviter la chute. Dans cette situation les capteurs sensoriels situés dans les muscles brusquement étirés par ce déséquilibre vont envoyer un message à la moelle épinière qui va de manière réflexe demander presque instantanément aux mêmes muscles de se contracter brutalement pour rétablir la situation. Cela tout en demandant aux muscles antagonistes de se relâcher. Le chemin neuronal emprunté ici est appelé la boucle courte. Les informations sont passées par la moelle épinière qui a directement pris en charge la réponse de manière réflexe sans même demander l’avis du cerveau. Elle a estimé que l’urgence primait et qu’une réponse rapide préprogrammée depuis des millions d’années vaudrait mieux qu’une réponse finement élaborée qui arriverait trop tard.

Le tronc cérébral

Le tronc cérébral est une structure du cerveau non consciente. C’est le centre nerveux de nos instincts, de nos réflexes. C’est lui qui filtre les informations et analyse en une fraction de seconde si la situation que l’on vit à l’instant est une situation à risque et nécessite une réaction de fuite ou de combat. Et cela comporte tout ce qui va avec, car pour fuir ou combattre il faut bien que le système nerveux autonome s’en mêle. Le coeur doit battre plus fort et plus vite, les poumons doivent ventiler plus, la tension artérielle monter pour augmenter le débit sanguin vers les muscles qui vont devoir donner leur plein potentiel. Ce n’est pas le moment de nous économiser bien au contraire, il en va de notre survie.

Les capteurs qui sont directement connectés à notre tronc cérébral sont entre autres les appareils visuel et vestibulaire. Ils rejoignent de petites sous unités du système nerveux appelées les noyaux gris centraux. On y trouve notamment les noyaux oculomoteurs et les noyaux vestibulaires qui reçoivent aussi des informations qui arrivent des membres inférieurs et notamment les informations de l’appareil podal via le faisceau longitudinal médian. De nombreux autres noyaux se connectent aux viscères comme les poumons, le coeur, l’intestin, afin d’orchestrer les réactions de fuite ou combat.

C’est dans les noyaux gris du tronc cérébral que se développent les capacités réflexes instinctives en fonction des expériences vécues et répétées. Ce carrefour neurologique dédié à la survie et aux capacités de fuite ou combat est la pierre angulaire de l’approche posturologique, des semelles proprioceptives et de la reprogrammation posturale. C’est grâce à ces petits noyaux que la modulation des réflexes est possible grâce à la répétition de stimulations sensorielles ou motrices.